La loi du "mort kilométrique" en communication interne

Un article de Eric Cobut - 6 février 2018

Plusieurs membres de l'ABCi accompagnent des étudiants dans la réalisation de travaux de fin d'études. Ces recherches effectuées entre les murs des universités et des hautes écoles nous semblent pertinentes à partager largement. Nous rédigeons dès lors des "Fiches de lecture" synthétisant les travaux les plus interpellants pour les professionnels de la communication interne.

C'est le cas de ce Mémoire rédigé par Virginie Deltenre (UCL, année académique 2016-2017), intitulé "Les faits divers dans la presse quotidienne à Charleroi".

Faits divers et communication interne : quel rapport ?

Dans la partie théorique, ce mémoire aborde notamment l’attrait du public pour les faits divers ainsi que leur traitement. En tant que communicateur interne, cette problématique nous intéresse car le fait divers figure aussi parmi les attentes de nos lecteurs.

Certains enseignements tirés de cette étude peuvent ainsi nous aider. Tel est l’objet de la présente fiche !

Qu’entend-on par « fait divers » ?

La définition du fait divers a évolué au cours des temps.

Le Larousse (2016) donne la définition suivante du fait divers: « Événement sans portée générale qui appartient à la vie quotidienne. Rubrique de presse comportant des informations sans portée générale, relatives à des faits quotidiens (au pluriel) ».

Marchetti (2000) en donne la définition suivante: « le terme n’exprime plus seulement aujourd’hui ce qui fait objet d’une enquête judiciaire, mais tout ce qui peut donner lieu à une controverse publique, c’est-à-dire à un débat médiatico-politique ».

«Le fait divers s’est élevé de la rubrique des « chiens écrasés » pour se voir reconnu « fait de société», tout simplement parce qu’il est le reflet du monde dans lequel nous vivons (Nicolas, 1993 : 18) ».

Dubied & Lits (1999), quant à eux, considèrent qu’il s’agit d’un estompement des normes : naturelles (catastrophes, etc.), légales (délits, vols, etc.), humaines (exploits) ou morales (adultères, incestes, etc.).

Selon Dumayet, le fait divers est « un accident de société. Parfois les accidents en disent plus sur une société que ses lois, ou ceux qui les font » (Sauvage, 1988 : 98).Le fait divers est un  bon indicateur de l’état d’une société, voire son reflet.

« Le fait divers a une fonction psychothérapeutique. Les lecteurs se défoulent, laissant libre cours à leurs pulsions agressives. Comme au cinéma, par un phénomène d’identification, l’homme projette sa culpabilité sur le héros de l’aventure, ce qui lui permet de s’affranchir des contraintes de la vie réelle » (Cayrol cité par Cubaynes, 1980 : 45).

En conclusion : le fait divers appartient à la vie quotidienne et donc aussi professionnelle. D’où l’intérêt du communicateur interne pour cette thématique.

La loi de proximité en communication interne

Selon Cubaynes (1980), le lecteur s’intéresse avant tout aux faits qui se déroulent à proximité.

L’application de la loi de proximité, appelée aussi « loi du mort kilométrique », par le communicateur interne dans le traitement du fait permet de tendre vers cette proximité.

Selon Yves Agnès (2002), la loi de proximité s’articule autour de plusieurs critères :

  1. l’actualité définie par l’immédiateté, le moment présent et la nouveauté. Aujourd’hui est plus important qu’hier, mais moins que demain.
  2. les grands instincts comme l’amour, la mort, la violence, etc.
  3. la géographie : un lecteur est intéressé par ce qui est proche de lui.
  4. le groupe socio-professionnel, c’est-à-dire les différentes informations que la presse fournit par rapport à une profession, un métier.
  5. l’appartenance socio-culturelle définie, par exemple, par les convictions politiques, religieuses, mais également l’implication dans des groupes d’intérêt commun : associations de peinture, etc.
  6. la vie quotidienne, autrement dit les sujets qui abordent un aspect plus pratique : les soldes, la cuisine, la télévision, etc.

Pour l’auteur, la « loi du mort kilométrique » résulte de la combinaison entre les grands instincts et la géographie.

Graphique extrait du « Manuel de journalisme” d’Yves Agnès, page 37

Bibliographie

- AGNES, Yves, « Manuel de journalisme, Écrire pour le journal », Paris, La Découverte. (2002)

- CUBAYNES, Marie-Hélène, « La police et la presse. Des institutions et des hommes ». Thèse pour le Doctorat d’état en science politiques. Université des sciences sociales de Toulouse (1980).

- DUBIED, Annick, LITS, Marc, « Que sais-je ? Le fait divers », Presses Universitaires de France (1999).

- MARCHETTI Dominique. Les révélations du "journalisme d'investigation". In: Actes de la recherche en sciences sociales. Vol. 131- 132, mars 2000. Le journalisme et l'économie. pp. 30-40; http://www.persee.fr/doc/arss_03355322_2000_num_131_1_2663 

- NICOLAS D., André, “Les relations presse, police, justice en Belgique”, Edition Antoine Degive, 1993

- SAUVAGE, Christian, “Journaliste, une passion, des métiers”. Editions du Centre de formation et de perfectionnement des journalistes” (1988).

 

 

Participer à la discussion

Vous souhaitez être tenu au courant des prochaines publications ?